.303 réglementaires françaises

Historique:
L'histoire de cette cartouche en France est intimement liée à l'évolution de l'aviation et de son armement de bord, la munition est, en effet, utilisée dans les mitrailleuses
Vickers, Lewis, Colt, Darne, Hotchkiss; elle disparaitra au cours des années 30, avec l'adoption de la mitrailleuse en en calibre 7,5 et 13,2, mais connaîtra un faible sursaut après la Seconde Guerre Mondiale, lorsque l'Armée Française sera dotée en partie d'armes d'origines britannique comme le FM Bren. La période de 1915 à 1918 est cependant celle qui verra l'essentiel de la production, et un développement très important de cette cartouche.

Eléments communs avec la réglementaire anglaise:
L'étui des munitions de 7,7 est en laiton, à bourrelet, l'amorçage est du type Berdan, à deux évents latéraux. L'amorce de 5,60 mm possède un couvre-amorce en laiton, et la charge fulminate est protégée par un paillet de papier.
Pendant la guerre, de nombreux chargements, et notamment les premiers, sont effectués avec des étuis de contrat d'origine américaine, livrés en principe amorcés, les poudres utilisées dans les chargements de guerre sont du type BNF3F ou d'origine US. En principe, toutes les cartouches de.303 utilisées en France pendant le conflit et destinées à l'aviation sont obligatoirement chargées en poudre et terminées en France, même si tous les éléments composant la cartouche sont d'origine étrangère. Les marquages de culot varient au cours de l'évolution et les étuis connaîtront aussi de petites modifications au cours des années.

Cartouche à balle perforante:
Elle apparaît dès 1915 et prend l'appellation de type APX 4, étant de fabrication identique au modèle en 8 mm Lebel; l'enveloppe de la balle est en laiton 90/10, noirci chimiquement pour l'indentification, et le noyau est en acier durci et pèse 4 g, ce qui donne à la balle un poids de 9,3 g. Une gorge est prévue pour le sertissage, et l'étanchéité est renforcée par un vernis coloré. Cette balle possède un important méplat (1,6 mm de diamètre), qui lui confère un profil caractéristique.
Ce type de balle est remplacé ensuite par la balle P Mle 1917, presqu'identique, à l'exception du méplat, de dimension plus conventionnelle. A 70 m, les balles P de 7,7 perforent une tôle d'acier durci de 7 mm, les cartouches à balle P Mle 1917 seront conservées après guerre.

Ces cartouches se rencontrent emballées par 20, 24 et 98, dans des boîtes en carton gris; l'étiquette porte des inscriptions noires, la mention AVIATION figurant toujours en gros caractères sur la première ligne.

Les cartouches à balle P sont utilisées en tant que munitions ordinaires au combat.

Cartouche à balle traceuse perforante:

Cartouche à balle traceuse perforante

La balle perforante apparaît dès 1916, mais sera adoptée comme Mle 1917, la chemise est en laiton 90/10, et le noyau est composé d'une partie perforante à l'avant, sous forme d'un insert ogival en acier durci surmonté d'une coiffe de plomb, et d'une partie traceuse à l'arrière, comportant un godet de laiton contenant une composition d'allumage (couleur rose) et la composition traçante (couleur grise). Cette balle, qui pèse 9,2 g, possède une gorge de sertissage, lequel est complété par un joint de vernis coloré, qui peut être rouge, marron, noir, sans signification particulière. La balle n'est donc identifiable que par sa chemise en laiton de couleur cuivre.

La balle TP est traceuse sur 400 à 500 m, elle perfore 5 mm de blindage à 250 m.

Les cartouches à balle TP seront conservées après la guerre; elles seront emballées dans les mêmes conditions que les perforantes, mais l'étiquette est en papier goudron, avec des inscriptions portées en noir.

Cartouche à balle traceuse:
La balle traceuse, utilisée pour la première fois en France, est d'origine anglaise de type Royal Laboratories (RL); elle se rencontre sur des étuis d'origine US, la balle, sans gorge, possède une chemise en cupronickel qui renferme à l'avant un noyau de plomb durci, suivi par une composition traceuse fortement comprimée sur 6,5 mm, suivie d'un léger évidement; longue de 34 mm, elle pèse 10 g. Le produit traceur est composé de 70% de bioxyde de barium, de 15% de perchlorate de potasse, et de 15% d'aluminium; la charge est de 2,5 g de poudre US.

Ce modèle sera remplacé par le Mle SPG.

Cartouche à balle incendiaire:
Plusieurs types de cartouches à balle incendiaire sont utilisées pendant la guerre; le modèle principal est le type Buckingham, les autres ne semblant pas avoir été adoptés officiellement. La balle de type Buckingham varie notablement suivant les fabrications. Elle possède un ou deux évents latéraux, forés dans la chemise en maillechort, bouchés à l'alliage Darcet; l'étanchéité est assurée par un tampon de plomb à l'arrière, et une masselotte permet un échappement plus régulier du phosphore, qui s'enflamme au contact de l'air. La balle, qui mesure environ 29 mm, ne possède pas de gorge et est maintenue dans l'étui par trois coups de pointeau. Des projectiles d'origine anglaise sont parfois utilisés.

Les cartouches sont emballées dans les mêmes conditions que celles à balle P, mais l'étiquette est de couleur rouge.

Après la guerre, la production de cartouche à balle I semble s'interrompre, pour ne reprendre qu'en 1927 avec l'apparition de la balle I conçue et produite par les Etablissements Paulet; ce projectile possède une chemise en laiton 90/10, faite en deux parties, et dont la partie supérieure se trouve emboîtée dans la partie inférieure, qui enveloppe complètement le culot. Ces deux parties sont soudées entres elles par un alliage fusible.

Le modèle est parfaitement identifiable par la rainure circulaire à 11,5 mm de la pointe de la balle, elle-même maintenue dans l'étui à mi-hauteur du collet de l'étui, l'étanchéité est assurée par du vernis rouge. La balle est longue de 33,5 mm et pèse 8g; un bloc de plomb au culot, surmonté par une rondelle de laiton, sert de piston pour éjecter le phosphore à l'impact.

Cartouche ordinaire d'exercice:
La cartouche P est utilisée normalement au combat mais des balles ordinaires, nettement moins onéreuses, sont utilisées pour l'entraînement des pilotes. Des projectiles, de type Colt, sont achetés aux Etats-Unis, la balle possède un noyau avant d'aluminium et un arrière en plomb durci. La chemise est en maillechort, et le projectile possède deux cannelures, celle qui sert au sertissage du projectile est cannelée, et la seconde, située juste au-dessous est profondément marquées. Le culot est frappé, dans sa partie en plomb du sigle US. Ces balles peuvent être montées aussi bien sur des étuis US que sur des étuis français, ce qui fait que l'on peut avoir des cartouches à étui, amorce, balle et poudre US, mais montées en France.

Après la guerre, les stocks de cartouches à balle P sont utilisés pour l'exercice, mais ils s'épuisent et, outre leur prix, les balles P usent rapidement les canons. Donc en 1923, on crée une balle O, économique, destinée à l'exercice. La chemise est en maillechort, le noyau est en plomb durci à l'antimoine. La charge propulsive peut être composée de poudre US, le reliquat de cette poudre étant évidemment utilisé pour des munitions d'exercice.

Ces cartouches sont emballées dans des boîtes en carton de 20 ou 24, avec étiquette de couleur bleue.

Cartouche à balle ordinaire après 1945:
La balle O de l'après-guerre possède une chemise en laiton de 90/10 et un noyau de plomb; la poudre est de type BF. L'étui est en laiton 70/30, à amorçage Berdan, l'amorce étant retenue, dans certaines fabrications, par un léger listel, ou par un sertissage en trois points.

Les cartouches sont emballées en boîtes de carton de huit cartouches, avec étiquette de couleur verte.



Cartouches à blanc:

Cartouche à blanc

La cartouche à blanc possède une fausse balle en bois d'aulne, creuse qui ne reçoit aucun traitement spécifique et possède sensiblement la même forme extérieure que les cartouches à balle de guerre. L'étui est le plus souvent de récupération, ou déclassé, et la charge de poudre est de 1 gramme de poudre d'exercice EF, balle et poudre sont séparées par une bourre de feutre.

Ces cartouches ne peuvent être tirées qu'avec un dispositif brise-balle, la distance de sécurité étant de 10 m.

Les cartouches de ce type sont emballées par 10, puis par 8, dans du papier crème ficelé, les inscriptions étant portées à l'encre noire.

Après 1945, un nouveau type de fausse balle en bois est créé, avec une ogive arrondie et une gorge permettant une meilleure fixation sur l'étui, la balle peut être cirée.

Cartouches inertes:
Le premier modèle de fausse cartouche de manipulation utilise le même procédé que la cartouche Mle 1907 en 8 mm Lebel: l'étui, la plupart du temps de récupération, est nickelé et percé d'un trou d'environ 3 mm de diamètre, et la balle est étamée et soudée à l'étui.

Ce modèle, apparu en période de guerre, est remplacé en 1928 par un modèle en acier monobloc et creux, possédant huit cannelures longitudinales sur l'étui et un logement pour l'amorce; ce modèle, qui ne possède pas de marquage, est fabriqué par l'Atelier de Tarbes, suivant le même principe que les 7,5 Mle 24 et Mle 29.

Les maillons:

Maillons


On utilise d'abord, avec les mitrailleuses Vickers, des bandes de toile, qui offrent de multiples inconvénients et sont remplacées par des maillons métalliques détachables.

Le premier type utilisé est d'origine anglaise; en acier nu, il est marqué MS et sera rapidement remplacé par le modèle marqué MS II, légèrement différent. Le troisième type, qui supplantera les deux précédents, est le type Prideaux, de forme plus moderne, en acier noirci.

Encaissage:
Les boîtes de carton contenant les cartouches sont placés directement dans les caisses à munitions, zinguées intérieurement à raison de:

- 21 boîtes de 98 cartouches, soit 2058 pièces,
- 84 boîtes de 24 cartouches, soit 2016 pièces,
- 100 boîtes de 20 cartouches, soit 2000 pièces.

Les paquets de 8 ou 10 cartouches à blanc sont d'abord réunis en trousse, puis placés dans les caisses métalliques, éventuellement placées dans des boîtes à bandes, il ne s'agit pas, toutefois, d'emballage réglementaires, les bandes étant montées, en principe, juste avant l'usage, à l'aide d'une machine à garnir les maillons.

Pendant la guerre, les panachages suivants sont préconisés sur les bandes:

- bande de cartouche à balle P pour le combat normal,
- bande panachée perforantes et traçantes, ou traceuse-perforantes et perforantes, dans des proportions quelconques, pour combat avec réglage de tir à vue,
- Bande panachée traceuses et incendiaires, pour attaque des ballons d'observations et des Drachen.

Producteurs:
Pendant la guerre:

- Atelier de Fabrication de Puteaux,
- Atelier de Fabrication de Vincennes.

Après la guerre:

- Atelier de Fabrication de Vincennes,
- Société Française des Munitions (amorces),
- Cartoucherie Paulet (balles),
- Société Méridionale d'Industrie.

Evolution des marquages, le premier est un étui américain et, sur le n°2 et n°3, CT signifie Colt.